Les Présidentes

La vie fait pousser parfois des fleurs aussi profondes qu’un précipice dans cette vallée de larmes.

« ERNA : La sexualité a toujours un effet ravageur sur les gens. Même les gens bien ont souvent été détruits par une vie de débauche. Quand on est jeune et le monde avec, toute sa sexualité fait irruption dans ce que l’homme a d’humain, souvent c’est alors la sexualité qui flanque à la porte du monde ce que l’homme a d’humain.

GRETE : Très juste, et puisque la vie nous engendre ses événements, moi je me suis déjà totalement éloignée de l’amour, bien que les possibilités qu’on me fasse des propositions ne manquent pas… »

Un soir de réveillon, Grete la veuve libertine, Erna la maman frustrée et Marie la bigote scato font le menu de leurs petites névroses quotidiennes. Du pape au boucher du coin, du pâté de foie à l’étron, de la Vierge au débouchage des WC et des vivats aux larmes, le palabre de cette détonante trinité ménagère tourne en beuverie céleste. Le verbe haut, perchées sur des certitudes et en proie à la folie des grandes peurs, les sublimes mégères érigent leurs opinions impudiques en mythologie du genre surhumain.

Une pièce existentialiste du tumultueux Werner Schwab, portée à la scène par Laurent Fréchuret, dans une mise en abîme du langage et du corps où les actrices se jouent d’elles-mêmes. Renversantes et bestiales, elles s’émoustillent, s’écharpent, se cajolent, s’enivrent et se gaussent de nous voir rire jaune et rosir de plaisir.